Jeff Winston était en train de téléphoner à sa femme quand il mourut.
- Il nous faut… venait-elle de dire.
Il ne l’entendit jamais expliquer ce qu’il leur fallait, parce que quelque chose de lourd parut s’abattre sur sa poitrine et chassa tout l’air de ses poumons. Le combiné lui tomba des mains et fendit le presse-papier de verre sur son bureau.
1988. Dans son bureau, en pleine conversation téléphonique avec sa femme, Jeff Winston, quarante-trois ans, meurt soudainement suite à une violente pression à la poitrine. Il laisse une vie sans véritable éclat et un mariage qui s’éteint petit à petit. Ce n’est toutefois pas dans un Paradis ou dans un Enfer qu’il atterrit, mais dans une chambre d’étudiant qu’il connaît bien au style rétro… en 1963. Avec stupéfaction, il se retrouve à nouveau dans la peau du jeune homme de dix-huit ans qu’il était. Tout recommence, mais rien n’est pareil. En effet, Jeff se souvient des vingt-cinq années qui se sont déroulées initialement et joue de ces connaissances à son avantage. Vingt-cinq ans plus tard, à nouveau, Jeff meurt, laissant un parcours tout autre derrière lui que celui de sa première existence. La répétition recommence… Encore et encore…
Le roman de Ken Grimwood, traduit en français par Françoise et Guy Casaril, est très intéressant et vraiment bien mené. L’auteur nous fait nous interroger sur le sens de la vie, de nos actes et de nos décisions… Et, au final, sur ce qui compte vraiment. Si vous pouviez revivre une partie de votre vie encore et encore, tout en connaissant l’issue finale, sans que rien de ce que vous fassiez ne semble compter à la fin, que feriez-vous ?
Replay est très bien mené et évolue avec intelligence, l’auteur induisant certains rebondissements et des subtilités temporelles qui viennent rendre très prenante la construction du récit. Ce roman a d’ailleurs obtenu le World Fantasy Award, à sa sortie en 1988. On ne se lasse pas et les questions continuent de nous habiter même une fois la lecture terminée.
Ken Grimwood, Replay, traduit de l’anglais par Françoise et Guy Casaril, Éditions du Seuil, 1988.
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