En contournant le bassin en pierre de taille, Marlène perçut un gémissement. Une femme en tenue de course rose s’appuyait des deux mains au bord du bassin. Blême. Encore une qui avait voulu dépasser ses limites… Elle avait peut-être abandonné pendant la première course des femmes qui avait eu lieu un moment plus tôt. La malheureuse prenait à présent de l’eau dans ses mains et s’en inondait le visage. Elle devait avoir une trentaine d’années.
2008. Suite au décès de son père, Catherine Cheynel – belle trentenaire habituée à faire tourner les têtes – retourne à Genève après treize ans passés aux États-Unis. Elle réalise rapidement que les circonstances de la mort de Pierre-Alain Cheynel sont troubles. Son décès – suicide, meurtre ? – serait-il lié avec celui de son ami Jean-Bernard Guyo, mort d’un arrêt cardiaque quelques mois plus tôt ? Des coups de téléphones étranges, des messages anonymes… Tandis que Catherine s’interroge, elle croise le chemin d’amis d’enfance, de jeunesse. Peu à peu, les évènements se précipitent et le malheur étend ses bras autour de la jeune femme. Faut-il chercher les réponses dans le passé ? Que s’est-il passé exactement le soir de la Course de l’escalade du 6 décembre 1992, seize ans plus tôt ?
Un roman policier qui ne cultive pas le suspens n’est, en règle générale, pas un bon roman policier. On peut dire que le livre n’entre pas dans cette catégorie. Les questions se succèdent et l’auteur distille les informations avec adresse. Avec en fond la Course de l’escalade – manifestation sportive hivernale particulièrement populaire à Genève – Aussi noire que d’encre est un polar prenant. Son intrigue située dans la cité de Calvin guide le lecteur dans les rues ; on les arpente en même temps que les personnages. Corinne Jaquet n’est d’ailleurs pas novice dans l’utilisation de Genève comme décor, loin de là ! Elle a écrit plusieurs romans en relation avec des quartiers précis de la ville ; ici, c’est la Vieille Ville qui est principalement mise sur le devant de la scène.
Corinne Jaquet, Aussi noire que d’encre, Slatkine, 2013.
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