Dès le premier jour où, par un étrange réflexe, il s’en était approché, attiré par le profil auréolé de la Vierge Marie incrusté dans la pierre. Il s’en était approché davantage pour y lire en lettres carrées, relief usé par les ans : MARIE MOUSSEAU. Et, en dessous du nom : 1937-1957. Il était resté pantois, songeur et triste à la fois. Qui donc pouvait être cette jeune femme morte à vingt ans, il y avait plus de trente-cinq ans ?
1995. Écrivain à la retraite, Vincent Danin va se recueillir chaque samedi sur la tombe de Simone, son épouse disparue en l’espace d’un éclair. Depuis un an qu’il se rend toutes les semaines au cimetière, il est obnubilé par une autre tombe, celle de Marie Mousseau, décédée en 1957 à l’âge de vingt ans. Une pléthore de question se bouscule dans son esprit au sujet de cette jeune fille : sa curiosité est piquée au vif et sa plume le démange. Un jour, il voit une femme penchée sur la tombe. Il décide de l’aborder. Il s’agit de Laurence, la sœur de Marie. Elle finit par accepter de raconter son histoire à Vincent pour qu’il la retranscrive en un roman; sa vie, son histoire… leur histoire ; la sienne, celle de Marie et de leur autre sœur également, celle du milieu, Colette… Et, par extension, l’histoire de tous ceux qui les ont côtoyées. Le récit s’allume alors et prend vie. Au fil des discussions, un lien se crée entre Vincent et Laurence… et le lecteur.
On connaît dès le départ l’issue tragique de Marie, mais on se prend à espérer qu’elle continue de vivre, on appréhende cette fameuse année 1957, on se demande ce qui va emporter Marie. La trame étant construite avec brio, on ne s’ennuie pas une seule seconde, et ce malgré cette issue que l’on connaît déjà. La plume de Denis Monette nous emmène dans les souvenirs de Laurence. Le passé revit avec ses drames, ses joies… Magicien des mots, l’écrivain québécois a ce genre d’écritures qui nous fait vibrer, souffrir, vivre le récit dans toute son essence. Au final, cette lecture ne peut absolument pas vous laisser indifférent…
Publié pour la première fois en 1997, puis réédité par la suite, Marie Mousseau, 1937-1957 est un livre unique, débordant de sensibilité et d’émotion ; à lire, à relire et à recommander !
Denis Monette, Marie Mousseau, 1937-1957, Les Editions Logiques, collection 10/10, 2012 (1997).
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