Si l’on avait annoncé au comte Neville qu’il se rendrait un jour chez une voyante, il ne l’aurait pas cru. Si l’on avait précisé que ce serait pour aller y chercher sa fille qui aurait fait une fugue, cet homme sensible se serait évanoui.
Peut-on aller à l’encontre de son destin ? C’est cette question qui est au cœur du livre d’Amélie Nothomb, Le crime du comte Neville. Le comte reçoit une inquiétante prédiction : il va tuer l’un de ses invités lors de la garden-party annuelle qu’il organise avec orgueil et qui sera, cette année-là, la dernière avant la vente du domaine familial. Sa fille cadette, Sérieuse, devenue taciturne depuis quelques années, lui demande de la tuer, elle, afin de régler le problème.
Pour la rentrée 2015, Amélie Nothomb a livré à ses lecteurs un roman avec une histoire à dormir debout qu’on savoure le temps de sa lecture (rapide, au demeurant). On a droit à une immersion dans un autre monde : celui de la noblesse belge, aux codes d’un autre âge.
Remake d’une nouvelle d’Oscar Wilde (on est d’ailleurs encourager à se plonger dans la source d’inspiration), le livre distrait et a le don d’attiser la curiosité ; il est dommage cependant que cette curiosité reste dans l’obscurité sur certains points.
Le livre est court, comme ceux que l’auteur a produit ces dernières années, le dénouement est donc un peu trop rapide peut-être et laisse un goût d’inachevé aux notes frustrées. Les personnages auraient mérité d’être un peu plus fouillés. On se rapproche plus du genre de la nouvelle ou du conte que celui du roman. Toutefois, on ne peut nier la qualité livresque de l’œuvre, même si on est encore loin de l’Amélie Nothomb des débuts.
Ainsi, si la plume et le style sont toujours efficaces, et restent présents, il manque l’étincelle et la longueur qui laisseraient un souvenir impérissable. Si l’on profite de la lecture sur le moment, on passe bien vite à autre chose une fois le livre refermé.
Amélie Nothomb, Le crime du comte Neville, Albin Michel, 2015.
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