Un téléphone sonne, une chansonnette incongrue, trop enjouée pour ce trajet. La personne met du temps à répondre et la sonnerie retentit longuement dans l’atmosphère. Autour de moi, mes compagnons de voyage remuent sur leur siège, froissent leur journal et pianotent sur leur clavier d’ordinateur. Le train fait une embardée et penche dans le virage avant de ralentir en approchant du feu rouge.
Une famille qui se met à table le soir, quelqu’un qui fume une cigarette sur son balcon, une dame qui promène son chien, autant de tableaux de vie qu’on arrive à attraper au vol alors qu’on passe devant en voiture, en bus, en train… Et, peut-être même qu’alors que l’on observe ces scènes de vie, le passager en face de nous tente aussi de déchiffrer notre histoire…
C’est ce que fait Rachel quand elle prend le train entre Ashbury et Londres. Un couple en particulier, dans une maison bordant le chemin de fer attire son attention. Elle les regarde à l’aller, elle les regarde au retour et fantasme sur la vie parfaite qu’ils ont l’air de mener. Jusqu’au jour où elle voit la femme avec un autre homme. La réalité n’est pas toujours ce que l’on imagine… Troublée, elle décide d’en savoir plus, mais quelques jours plus tard apprend que la femme est portée disparue alors que Rachel elle-même se trouvait non loin de là. Ayant oublié les événements de la soirée, Rachel ne cesse de revenir dans la petite ville afin de découvrir ce qui s’y est passé.
Véritable thriller, le livre nous tient en haleine jusqu’au bout et on ne découvre pas rapidement le fin mot de l’histoire. Bien entendu, des liens se créent dans notre esprit, on devine certaines choses, mais surtout on fait une grande quantité de suppositions. Beaucoup de non-dits ou de dialogues peuvent nous entrainer sur de mauvaises pistes, mais certaines phrases peuvent aussi nous donner des indications. Il faut ouvrir l’œil et être attentif, comme lorsqu’on observe le paysage par la fenêtre du train: le plus petit détail compte et permet de mettre à jour la vérité.
L’histoire se divise entre deux narratrices (parfois trois) et des phases temporelles différentes permettent de construire l’histoire par petits bouts. La construction des phrases, leur brièveté, la manière dont elles s’enchaînent sont très intéressantes et donnent du rythme au récit. Comme le train qui prend de la vitesse, elles nous entrainent dans l’histoire sans que l’on sache ce qui surgira après le virage final.
Cependant, si l’histoire est prenante, elle nous laisse parfois, presque imperceptiblement, sur notre faim et les personnages-narratrices peuvent sembler agaçantes.
Tout d’abord, si l’on observe tous, de temps en temps, des gens dans les transports publics, la manière dont Rachel s’immisce dans la vie d’autrui ne connait pas de limites. En outre, alors qu’elle est alcoolique et que la deuxième narratrice, Megan, est dépressive et sujette à des crises d’angoisses, leur auto-apitoiement dans la première partie du roman est légèrement pesant. Néanmoins, au fur et à mesure que l’action se met en place et que le train prend de la cadence, l’histoire séduit et passionne.
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