S’ils sont réellement venus ici pour trouver une foi, les sept personnages atypiques de La Béatitude, alors ils sont venus pour rien ! Une affaire à porter devant l’Office de défense des consommateurs ?
Et si quelque chose s’agite entre les murs gris-jaune écaillés de La Béatitude, ce ne sont en tout cas pas des dieux, d’aucun genre ! Et aucun ange ne travers les pièces – ça rabâche, ça crie et ça psalmodie en permanence. Il n’y a ici que sept enfants qui essaient de démonter leurs jouets, et ceux des autres, pour voir comment c’est à l’intérieur.
Wera, pigiste pour des magazines féminins, est en panne d’idées. Un jour, au supermarché, elle tombe sur une annonce pour un stage de spiritualité dans un lieu appelé La Béatitude. Elle flaire le bon sujet et décide de s’y inscrire. Elle se retrouve donc dans une immersion spirituelle pour trois semaines, avec six autres personnes. Parmi elles, Madeleine, bureaucrate tourmentée qui porte sur les épaules un fardeau du passé. Chacun est là pour une raison ou une autre ; quête individuelle ou spirituelle, recherche de soi ou de sens…
Le roman est un roman polyphonique, style que l’auteur prise pour ses écrits. Plusieurs voix, plusieurs personnalités se répondent, en l’occurrence, celles de Wera et Madeleine. Nous avons là ainsi deux points de vue en alternance… Des informations différentes nous sont données, à nous, lecteurs, comme tout regard est subjectif et tout récit relève d’un choix de quoi dire ou quoi faire.
Toute narration est subjective, mais celle à la première personne l’est encore plus. On entre vraiment dans la subjectivité des personnages. Leur voix nous parlent et choisissent les mots, les éllments à dévoiler et ceux à cacher. La polyphonie, même si elle n’est composée que de deux voix dans Mon doudou divin, permet d’entrer dans plusieurs subjectivité, d’avoir un aperçu plus grand du récit.
Katarina Mazetti a un style mordant. Elle embarque le lecteur avec une écriture agréable, piquante et enlevée, à l’humour grinçant, dont la plume est transcrite en français par Lena Grumbach et Catherine Marcus.
Le livre a un côté parodique et second degré, mais en filigrane, il y a tout de même des pistes d’une véritable réflexion sur la spiritualité et la religion qui s’en dégage. Entre croyances loufoques et diverses, clichés et caricatures, c’est un roman dont le sujet sérieux est traité avec légèreté… On aurait peut-être attendu plus de profondeur par moments. Les développements philosophiques manquent parfois d’un peu de souffle et paraissent simplistes. Dommage également que les autres personnages que Wera et Madeleine ne soient pas vraiment creusés. Par ailleurs, les personnages restent campés sur leurs positions et leurs points de vue, sans qu’il y ait au final un véritable partage se mettant en place.
La lecture est agréable dans l’ensemble, mais il manque peut-être une petite étincelle. Toutefois, malgré ses faiblesses et ses quelques longueurs, le roman est intéressant sur plusieurs niveaux.
Katarina Mazetti, Mon doudou divin (traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, titre original : Mitt himmelska kramdjur, 2007), Gaïa Éditions, 2012.
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