La première fois que j’ai vu la maison, les arrêtes de ses murs en briques disparaissaient sous une brume grise.
La maison se dresse en haut d’une rue en pente. Malgré le brouillard lumineux qui l’enveloppe, son ombre imposante se détache sur les villas environnantes. C’est une brume de fin de journée, un halo gris qu’absorberont bientôt les rayons blancs du crépuscule, juste avant la nuit, et la maison aura disparu.
Laura Kern travaille dans une agence immobilière parisienne. Depuis qu’elle est entrée en fonction, elle est hantée par le rêve récurrent d’une maison. Un rêve qui revient, qui la poursuit et déborde même pour venir s’introduire dans la réalité d’une Laura éveillée. Le flou et la brume s’échappent des nuits pour venir hanter également les jours. Attirance et peur se côtoient, d’autant plus que le rêve est porteur d’une crainte plus profonde. Pourrait-il être le premier signe de la maladie qui a frappé le père de Laura et qui est héréditaire ? L’irrationnel ne s’arrête pas au rêve et devient bientôt partie prenante de la vie de la jeune femme. Et si la malédiction s’étendait au-delà de la maladie ?
Ma mère a toujours nommé la maladie Chorée, comme si, un matin, une déesse antique avait ravi mon père pour l’emmener au pays natal que sa femme ne connaîtrait pas.
Le livre est intrigant et bien écrit, même si on se perd parfois. On ne sait plus, on mélange, mais l’histoire continue et nous reprend au vol. Les pages tournent et sont dévorées par l’appétit, l’envie de savoir, de comprendre. Les pages et les mots sont imprégnés de poésie. Et, tout comme en poésie, il n’est parfois pas grave si le sens de certaines phrases nous échappe à la première lecture. On s’envole quand même avec elles. Un élément important du livre est d’ailleurs un recueil de vers de Tennyson, dont certains sont cités plusieurs fois au sein des pages.
Hélène Frappat, Lady Hunt, Actes Sud, 2013.
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