Des mots.
Des milliers de mots m’entourent. Peut-être même des millions.
Cathédrale. Mayonnaise. Grenade.
Mississippi. Napolitain. Hippopotame.
Soyeux. Terrifiant. Irisé.
Chatouiller. Éternuer. Souhaiter. S’inquiéter.
Depuis toujours, ils tourbillonnent autour de moi comme des flocons de neige et fondent, intacts, dans mes mains, tous aussi délicats et différents les uns des autres.
Ils s’amoncellent au fond de moi comme d’énormes congères. Des montagnes d’expressions, de phrases et d’associations d’idées. Des formules bien trouvées. Des blagues. Des chansons d’amour.
Mélodie a presque onze ans, a une mémoire photographique et associe des couleurs ainsi que des odeurs aux musiques qu’elle écoute. Elle retient tout ce qu’elle voit et des milliers de mots fourmillent dans sa tête. Mais Mélodie ne peut partager avec personnes ses connaissances, ses impressions, ses sentiments et ses rêves… pas même avec ses parents. Mélodie est handicapée physiquement : elle est atteinte de quadriplagie bilatérale ou « paralysie cérébrale » ; si les fonctions de son corps sont limitées, son esprit, lui, est toutefois parfaitement en état de marche.
Le silence de Mélodie, de Sharon M. Draper – publié en 2010, en anglais, sous le titre Out Of My Mind, et traduit par Maud Desurvir – a du succès et l’on comprend aisément pourquoi. Quand bien même l’histoire de Mélodie est fictionnelle, les recherches de l’auteur transparaissent en filigrane de l’écriture. L’immersion dans l’esprit de Mélodie est faite avec finesse, avec vraisemblance… On ressort de la lecture avec une vision différente de la vie et de la chance que l’on a de pouvoir faire de simples gestes du quotidien ou même, simplement, de parler, de s’exprimer… Une grande sensibilité se dégage des pages de ce livre et certains passages donnent les larmes aux yeux.
Un livre que l’on ne veut pas lâcher tant que les pages ne sont pas toutes tournées.
Sharon M. Draper, Le silence de Mélodie (Out Of My Mind, 2010), traduit de l’anglais par Maud Desurvir, Michel Lafon, 2015.
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