Irrational Man conte l’histoire d’un professeur de philosophie désabusé, Abe Lucas, arrivé dans une nouvelle université. Ses collègues féminines, mais aussi ses élèves, sont bien entendu charmées par cet homme sombre et négatif. Un jour qu’il mange dans un café, il entend une conversation qui changera sa perception de la vie et lui donnera un sens car le professeur prendra une décision, étrange…en homme irrationnel…
Tandis que Woody Allen est probablement le cinéaste le plus créatif de toute une génération, ses films se suivent, mais ne se ressemblent pas. Celui de cette année, Irrational Man, s’il n’atteint pas les sommets d’un Match Point, d’un Annie Hall ou à la rigueur d’un Minuit à Paris, reste tout de même un très bon cru!
Pourtant, alors que la mélodie typique des génériques des films de Woody Allen finissait de résonner aux oreilles du spectateur, plusieurs voix-off commençaient à narrer l’histoire et tandis que l’action se mettait en place, les spectateurs commençaient presque à s’enfoncer dans l’ennui…
Beaucoup de pensées auraient pu traverser notre esprit à ce moment-là. Commence-t-on à s’ennuyer dans les films de Woody Allen? C’est étrange, étant donné que généralement la philosophie selon Woody Allen est quelque chose de réussi. Peut-être que placer l’histoire dans une faculté de philosophie était un choix non-judicieux? Dans ce cadre se rend-on compte que les paroles des personnages ne sont que de la poudre dans les yeux? Est-ce qu’au final, nous nous faisions avoir dans les autres films par les clichés, la musique…? Que nenni!
Au moment où la décision d’Abe Lucas est prise au café, nos doutes s’envolent. Oubliées les paroles en l’air, le sens du film est venu au spectateur au moment où le sens de la vie est venu au personnage.
Bien entendu, nous ne savons pas si c’était voulu par le réalisateur, mais, si c’est le cas, quelle finesse de la part de Woody Allen! En outre, plus le personnage avançait dans l’action, plus la musique soutenait et rythmait l’image jusqu’au tout dernier retournement. Alors que l’ennui a pu poindre le bout de son nez au début du film, la situation a changé et l’histoire a été prenante jusqu’au bout.
Woody Allen n’est pas passé devant la caméra dans ce film. Cependant, si parfois, malgré son absence de l’écran on perçoit tout de même sa présence, dans les dialogues ou les doutes existentiels des personnages, cette fois-ci, Joachin Phoenix crève de plus en plus l’écran au fil du film.
Si le personnage que l’acteur interprète joue aussi de cet ennui, ses collègues, ses élèves l’adorent. Le public peut alors se demander: « N’y a-t-il que moi à qui il est désagréable? Il parle tout le temps de non-sens, il est négatif, pas très sympa…». Un déséquilibre intéressant à méditer. En outre, l’acteur a fait un travail sur soi particulièrement intéressant. À première vue, il n’y a pas vraiment de différence, c’est Joachin Phoenix. Pourtant, si l’on regarde bien, il a le ventre bedonnant, les traits bouffis, les yeux rougis dus à sa consommation abusive d’alcool. Ces petits détails se rajoutent à la finesse du jeu. En outre, ses partenaires Emma Stone et Parker Posey proposent une interprétation intéressante et en phase avec le style du cinéaste new-yorkais.
Si au final, le film ne marque pas un tournant dans la carrière déjà bien avancée d’Allen, que l’on retrouve des clins d’œil ou des thèmes des films précédents, le sujet est original et les acteurs proposent une prestation très intéressante.
Le film est à découvrir au cinéma depuis le mercredi 14 octobre !
Woody Allen, Irrational Man, 2015.
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