Des saumons dans le désert: Un conte moderne

Écrit par: AI - déc.• 20•14

Le titre intrigue tandis que le sujet de ce film est intéressant et inhabituel. Le Docteur Alfred Jones (Ewan McGregor) est un scientifique spécialisé dans la pisciculture. Il mène une vie terne entre son travail et son mariage qui bat de l’aile: Alfred préfère parler à ses poissons plutôt qu’à sa femme qui elle, préfère ses voyages d’affaires. Cependant, arrive dans la vie d’Alfred le projet farfelu et hors-de-prix d’un cheikh yéménite (Amr Waked) féru de pêche qui veut importer cette activité dans son pays natal.

Des saumons dans le désert

Ce projet, face auquel le docteur Jones est bien évidemment sceptique, va changer le cours de son existence. Il va y amener de la couleur, de l’amour, de l’assurance et de la compréhension. Alfred, qui condamnait tout d’abord le cheikh, va le découvrir sympathique et tolérant. De plus, ce projet n’est pas seulement confié à Jones, mais aussi à une agence britannique et surtout à l’une de ses employées Harriet Chetwod-Talbot (Emily Blunt) qui attend le retour de son petit ami de la guerre. Harriet et Alfred vont être amenés à collaborer et finalement à plus que s’apprécier. Parallèlement, le docteur sera de plus en plus enthousiasmé par le rêve de ce cheikh et se prendra à espérer d’amener de l’eau et des saumons dans le désert.

Pendant ce temps, le gouvernement britannique emmené par Patricia Maxwell, l’énergique responsable de la communication du Premier ministre (Kristin Scott Thomas), est favorable à ce projet qui permet de modifier l’opinion publique. En effet, le côté politique est important car il change de l’omniprésence de la guerre en Afghanistan. À ce propos, il est agréable de regarder un film qui se concentre sur la volonté d’établir la paix entre l’Occident et l’Orient plutôt qu’un énième film qui participe au conflit en montrant les combats. À noter la belle prestation de Kristin Scott Thomas en femme politique et mère de famille engagée et énergique qui ne manque pas de dénigrer les ministres.

Tandis que le projet rencontre maints obstacles, Alfred entrevoit la possibilité de tomber amoureux et de donner du sens à sa vie. Adroitement, tout au long du film, il change jusqu’à ce que le spectateur perçoive de légères modifications dans l’apparence physique (par exemple la coiffure) d’Ewan McGregor. La focalisation du film ne se fait pourtant pas sur l’histoire d’amour et c’est plus innovant que la majeure partie des comédies sentimentales où l’issue est moins subtile. Cependant, on tient tout de même à préciser que malgré une plus grande subtilité, la fin n’est pas non plus particulièrement inattendue dans ce film-là.

Des saumons dans le désert, qui se concentre tout autant sur les petites que les grandes ambitions de l’homme, est drôle, loufoque et décalé. Il comporte aussi une petite touche d’ironie et d’humour british particulièrement appréciables. De par ses perspectives différentes et son refus de se concentrer sur un seul côté de la vie – amour, conflit, deuil, politique – il est diversifié et, malgré le statut improbable de l’entreprise du cheikh, raconte une histoire probable. La musique et le casting bien choisis participent à emmener le spectateur vers un imaginaire sympathique. Cependant, il peut sembler difficile de s’accrocher au récit, malgré ses côtés positifs, et le film peut paraître plutôt long.

Finalement, il nous apprend, qu’un rêve est toujours réalisable avec de la volonté, des gens qui nous soutiennent et quelques cinquante petits millions de livres sterling…

Lasse Hallstorm. Des saumons dans le désert. BBC Films. 2012