Aux films des pages

Il y a des moments dans l’existence où une porte s’ouvre et où votre vie dérape dans la lumière. De rares instants où quelque chose se déverrouille en vous. Vous flottez en apesanteur, vous filez sur une autoroute sans radar. Les choix deviennent limpides, les réponses remplacent les questions, la peur cède la place à l’amour. Il faut avoir connu ces moments. Ils durent rarement.

Central Park

L’histoire commence le matin du 8 octobre, plus précisément à 8 heures. À New York, dans Central Park, deux inconnus – Alice et Gabriel – se réveillent sur un banc, menottés l’un à l’autre. Leurs affaires ont disparu, l’un porte des balafres « chiffrées » sur le bras, l’autre a des tâches de sang sur les vêtements, ils ont aussi une serviette en papier avec des indications étranges écrites dessus. Même s’ils n’ont pas l’air de bien s’entendre à premier abord, ils vont devoir découvrir le fin mot de l’histoire ensemble. Alors qu’ils courent, roulent et enquêtent à travers la ville et plus loin, le lecteur part aussi à la découverte du passé douloureux et des souvenirs d’Alice. Mais comment ces derniers sont-ils liés à l’histoire en cours? La rencontre d’Alice et de Gabriel est-elle plus qu’un hasard?

Le roman est prenant et le lecteur a envie de découvrir le fin mot de l’histoire. Cependant, il n’est pas très original et nous pourrions supposer que le roman vite fini, sera vite oublié. Guillaume Musso emmêle bien les fils de l’intrigue et la fin de cette fiction est donc particulièrement inattendue. Après ce puzzle de preuves et d’indices ainsi qu’une myriade d’hypothèses que le lecteur aura imaginées dans la tête, cette fin peut paraître bien trouvée, mais peut aussi décevoir car, malgré quelques pistes, elle pourrait donner l’impression d’un « tout ça pour ça? ».

Avec ce douzième roman, Musso nous dépeint des personnages touchants même si parfois un petit peu surfaits. Au cours de l’enquête, à l’instar des romans précédents, le lecteur croise aussi la route de personnages issus d’autres histoires de l’auteur. Le côté fantastique souvent présent dans les autres romans de l’auteur est néanmoins absent de celui-là.

Au final, ce thriller est d’une écriture quelque peu simpliste mais efficace. La course contre la montre qu’entreprennent les protagonistes offre au lecteur un moment haletant et sans prise de tête. Avec ce jeu de pistes bien rythmé qui comporte néanmoins des maladresses d’écriture et des situations bien improbables, les qualités narratives de Musso s’améliorent de livre en livre.

Guillaume Musso. Central Park. XO éditions. 2014.

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