Un enfant frappe un autre avec un bâton et lui casse une dent. Ceci est une raison suffisante pour que leurs parents, deux couples BCBG, se rencontrent afin de régler le problème à l’amiable: le film peut démarrer. Dans ce huis clos aux débuts polis et pleins de retenue, les langues se délient peu à peu et laissent finalement la place au « carnage » final.
Ce film de Roman Polanski est basé sur une nouvelle de Yasmina Reza – « Le Dieu du Carnage » – et donne, à travers une réalisation toute en finesse, un nouveau souffle à la pièce. De durée assez courte, approximativement 1 heure 20, le film n’ennuie pas une seconde malgré un casting réduit de quatre acteurs. Jodie Foster campe la mère en quête de justice de l’enfant lésé tandis que John C. Reilly devient le père laisser-aller propriétaire d’un magasin de sanitaires. Kate Winslet est la mère du bagarreur qui aimerait affiner les angles et éviter la dispute tandis que son mari, interprété par Christopher Waltz, est bien plus préoccupé par son travail et son téléphone.
Mais, de fil en aiguille, de phrase en phrase, de verre en cigare, les apparences laissent place aux mots crus, la politesse saute et les langues se déchainent. La bataille verbale fait rage entre les couples, au sein des couples et entre les femmes ainsi que les hommes. Les quatre comédiens offrent un pur moment de plaisir au spectateur et leur interprétation brillante peut même servir de belle leçon aux acteurs débutants. Cependant, si vous aimez qu’il y ait de l’action dans un film, ne regardez pas Carnage car cette dernière y est absente – ce qui est d’ailleurs caractéristique d’un huis clos. Le film ne tient que sur l’art du dialogue (« sanglant »), mais pour ce dernier, Bravo Maestro!
Roman Polanski. Carnage. Constantin Film. 2011.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.