On ne se regardait pas vraiment. On ne se touchait pas vraiment, on se disait presque rien. Ses yeux trop grands sur sa peau de porcelaine, et cette manière étrange de s’excuser de son sourire. Ses lèvres, qui voletaient façon flocon de neige perdu sur une plage en été, et moi, qui essayais de le récupérer avec ma glacière trop grande. Un cataclysme déguisé en baiser miniature. Plus puissant qu’une armée de coups de foudre. Le plus petit jamais recensé. Impact de lumière et puis plus rien.
Passée d’un instant à l’instant suivant de l’apparition à la disparition. Comme si sa bouche était un interrupteur corporel magique qui pouvait la faire se volatiliser. Ne restait que la mélodie asthmatique en ré mineur sifflée par ses tout petits poumons. »
Un inventeur-dépressif embrasse une fille qui respire en ré mineur… Aussitôt, elle disparaît. Il se lance alors à la recherche de cette fille volatilisée dans un coup de vent, qui est prise d’invisibilité à chaque baiser. Sur les conseils de sa pharmacienne, Louisa, il va demander de l’aide à Gaspard Neige, un détective à la retraite, qui lui prête son perroquet peu banal. En effet, ce dernier est un enregistreur sur patte qui va être envoyé sur la piste de la fille invisible.
Avant l’aventure avec la fille invisible, j’avais perdu la guerre mondiale de l’amour. Je n’avais ni compris ni accepté ce qui m’était arrivé. Depuis, mon passé décomposé était bloqué dans mon présent, et les fantômes prenaient plus de place dans mes draps et mes bras que les être vivants.
Enquête un peu loufoque, mais attendrissante ; une histoire entre deux traumatisés de l’amour qui fait voir ce sentiment sous un autre angle. Car en effet, même si le roman nous fait nous embarquer dans une bulle de bonne humeur, tout n’est pas au beau fixe pour les personnages, qui ont traversé des orages amoureux ayant laissé des cicatrices encore bien présentes.
Comme il en a pris l’habitude dans ses précédents romans, Mathias Malzieu nous emporte dès les premières pages par son style tout en images et en poésie. Il captive par son écriture à la fois surprenante et savoureuse. On se laisse volontiers entraîner par le tourbillon de mots tout en images dans cet univers chimérique dans lequel s’allient gourmandise et ingénuité.
Une histoire vraiment peu banale à déguster sans modération !
Mathias Malzieu, Le plus petit baiser jamais recensé. Flammarion. 2013, J’ai lu. 2014.
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